"Etonnez-les !". tel devait être le mot d'ordre qu' André Citroën donnait à son staff lorsqu'il le réunissait. Cette volonté de ne rien faire comme les autres et de créer l'événement dans chaque discipline se retrouve bien après la mort du "Patron", preuve que ce trait fait bien partie du capital de la marque.
En cette première moitié du XXème siècle, l'automobile est encore très jeune. Certes, elle évolue très rapidement mais le niveau de connaissances est encore relativement bas, les normes peu ou pas existantes, ce qui laisse une liberté de conception très large aux équipes encore réduites à quelques dizaines de personnes des bureaux d'étude. Le génie de Citroën entre 1930 et 1960 est lié à un petit groupe d'individus exceptionnels, certains plus artistes qu'ingénieurs. Tous partageaient cette fibre Citroën de l'innovation, de l'anticipation alliée à une immense liberté qui donnèrent des résultats incroyables dans de nombreux domaines : anticipation des besoins des clients, avant-garde technique afin de donner des qualités uniques aux produits, innovation en matière de publicité et de communication, avec des idées de génie impensables pour l'époque, comme la Croisière Jaune (à la quelle nous consacrerons bientôt une note) ou bien l'illumination de la Tour Effeil !
Une marque automobile pourrait-elle en faire autant aujourd'hui ?
C'est totalement impossible. Les enjeux industriels sont devenus immenses, les marges de manoeuvre réduites, les normes omniprésentes. Aucun constructeur ne pourrait, seul comme le fut citroën à cette époque, innover autant et dans autant de domaines à la fois. L'intégration des fournisseurs dès le début de la conception d'un véhicule, le développement de la sous-traitance, la technicité qui implique le travail simultané de centaines de personnes sur chaque élément d'un véhicule, tout cela et bien d'autres facteurs encore font que les écarts se réduisent entre modèles. Les innovations sont diffusées plus progressivement et les constructeurs peuvent en conserver l'exclusivité pendant quelques mois dans la plupart du temps, car l'investissement, effectué en grande partie par le sous-traitant, doit être partagé avec d'autres pour être rentabilisé.
C'est pour cette raison qu'aucun constructeur aujourd'hui ne peut créer un écart majeur avec les concurrents, la différenciation s'effectuant plus sur le style extérieur et intérieur, le "toucher de conduite" et quelques équipements spécifiques. De même, aucun véhicule ne doit aujourd'hui "sortir de la norme" afin de ne pas être trop déroutant et de ne pas se fermer des débouchés potentiels comme les sociétés de location par exemple. L'innovation existe bel et bien, mais elle est plus diffuse, elle n'est pas l'expression de "coups d'éclats" comme par le passé.
Les différences se sont donc nivellées par le haut, il n'y a plus vraiment de "mauvaises voitures" mais des marques plus ou moins fortes, des besoins de consommation automobile plus ou moins biens analysés, un design plus ou moins réussi dont le rôle est devenu promordial, et un service client plus ou moins performant, à ne surtout pas sous-estimer aujourd'hui.
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