Oui, c'est vrai, l'autophobie me dérange. Comme toutes les phobies collectives d'ailleurs. La contagion des "anti-voitures" gagne du terrain, c'est indéniable. Tout d'abord issus du microcosme parisien, souvent adeptes de la pensée unique, leur mouvement gagne petit à petit certaines grandes villes de province. Constituant un lobbying actif et efficace auprès des élus de tous bords, comptant sur la surprenante passivité des automobilistes, ils agissent pour bouter les automobiles hors des villes, imaginant que leur mode de vie de tribu urbaine dont l'univers s'arrête aux portes du périphérique peut être décliné à l'ensemble de la population française. Je les comprends. Oui, vous avez bien lu. Je les comprends. Il suffit de vivre comme eux pour se dire que c'est vrai, les voitures entassées dans les centres-villes, c'est complètement inutile. C'est tellement mieux de descendre de chez soi, de prendre le bus ou le métro, ou même de marcher, tiens, marcher, j'aurais presque oublié qu'on pouvait marcher pour se rendre d'un point A à un point B. D'ailleurs, avez vous déjà regardé une carte postale ancienne de Paris par exemple ? On y voit un toujours un très grand nombre de personnes...marcher. Il est vrai que la banlieue existait à peine et qu'à quelques kilomètres de Paris, c'était déjà la province ! deux mondes qui ne se mélangaient pas ou si peu...
Je comprends donc que ces "urbains" pensent ce qu'ils pensent. Mais là où je ne les comprends plus, c'est quand ces personnes pensent que tout le monde peut faire comme eux, doit faire comme eux. Car parmi tous ceux qui sont en voiture dans Paris, faut-il blamer le banlieusard qui vient travailler en voiture car aucun transport en commun ne lui permet de venir autrement ? Faut-il blamer la famille avec ses deux enfants en bas âge à l'arrière du véhicule, et qui vient visiter un proche ? Peut-on imaginer cette même famille avec lit parapluie, poussette et deux enfants de 1 et 3 ans prendre le métro ? Peut-on imaginer que Mr et Mme X, qui viennent chercher avec leur 4x4 leur fauteuil de famille restauré avec soin par un fameux tapissier du Boulevard Voltaire, puissent repartir avec ce même fauteuil en bus ? Peut-on imaginer qu'une bande de copains habitant Versailles qui vient fêter un anniversaire à Paris jusqu'à 3 heures du matin puisse repartir en transport en commun ? Non, bien évidemment. Ce ne sont que des exemples. Mais tous ces exemples existent bel et bien. Et il y en a encore des centaines d'autres. Cela s'appelle la liberté individuelle, la liberté d'aller et de venir où et quand bon nous semble. Mais il existe aussi des exemples de comportements qui donnent des raisons d'agir à tous les autophobes. Des 4x4 garés n'importe où, des conducteurs qui confondent la ville avec un circuit de Formule 1, des personnes qui sortent leur voiture pour faire 500 m en ville, etc...etc...L'autophobie se nourrit de ces exemples nauséabonds, mais là où elle devient une déviance dangereuse et liberticide, c'est qu'elle s'en prend à tout le monde, sans distinction, c'est qu'elle se nourrit de pensée unique, cette pensée donneuse de leçons et réductrice, pour qui, parce que l'autre est peut-être différent, il a forcément tort. Et là où tout cela est encore plus grave, c'est que ces donneurs de leçons ne se contentent pas de penser. Ils agissent. Ils sont "militants". Ils agissent auprès des élus et des municipalités : "il faut dégoûter les automobilistes !" clament-ils haut et fort...Ils agissent dans la presse, où ils trouvent un écho souvent favorable qui a identifié là un nouveau "phénomène de société" à rabacher encore et encore...ils ont trouvé récemment une nouvelle marotte avec l'effet de serre dont le seul responsable est...l'automobiliste, c'est certain...ils agissent jusqu'à dans la rue en faisant preuve d'agressivité envers les "symboles" de ce fléau, à savoir les 4x4 et autres gros véhicules, dont ils dégonflent les pneus ou qu'ils vandalisent, sûrs de défendre une cause qui mérite l'usage de la force et d'une certaine forme de terrorisme de la pensée...
Tout cela me met en colère, vous l'avez compris. En colère parce que toute forme d'intolérance est révoltante et dangereuse et parce que les exemples de ce mode de pensée sont malheureusement de plus en plus nombreux. Triste époque...
jugement hélas très lucide... politiquement très incorrect...et pas du tout dans l'air du temps
Rédigé par : gerard guérit | 19 octobre 2006 à 23:58
L'auto-dépendance, un mal archaïque ?
Je suis stupéfait, très souvent, du renversement des valeurs qu'on observe dans notre société.
Cela confine à la novlang.
Alors comme ça, les automobilistes seraient une minorité brimée, ils se laisseraient faire passivement, et seraient privés de la liberte dont nous parle la constitution et tout et tout ?
Cela me rappelle furieusement le discours des partisans de la cigarettes qui crient au scandale lorsque, enfin, les non fumeurs arrivent à obtenir gain de cause et à leur interdire de les enfumer.
Je ne dois pas vivre dans le même pays que l'auteur de ces lignes...
Le lobby des constructeurs automobiles est un des plus puissant du pays, et les bagnolophiles ont eus suffisemment de pouvoir pendant des années pour annihiler toute volonté politique visant à remettre un peu de raison sur les routes, et plus largement dans les transports.
Je ne parle même pas de la presse automobile, qui mène depuis des années des actions parfaitement délirantes visant à victimiser l'automobiliste, à la flatter dans ses penchants les plus débiles, tout en lui fournissant une panoplie d'excuses voire de parades légales pour le conforter dans des pratiques inciviques, quand elle ne mène pas carrément une campagne de dénigrement contre les gouvernants ayant commis un crime de lèse-bagnole.
Effectivement, utiliser une automobile en milieu urbain est une absurdité.
De plus la disproportion entre les investissements destinés aux infrastuctures automobiles comparé aux investissements destinés aux développement des transports en commun laisse pantois.
Le rééquilibrage est récent, et largement partiel. La privatisation des principales sociétés d'autoroutes est un exemple sidérant d'inconséquence politique.
Effectivement, l'augmentation rapide de la concentration en gaz a effet de serre dans l'atmosphère n'est pas seulement due aux moteurs des véhicules automobiles. Mais elle l'est pourtant, pour une part non négligeable (de l'ordre de 25% si je ne m'abuse). C'est donc bien une source d'émission qu'il convient de prendre en compte. Le point important est que cette production énorme est le fait d'individus qui ont tendance à se dire, chacun de son côté que leur impact est négligeable... Or la somme de toutes ces émissions négligeables, eh bien c'est tout sauf négligeable. Mais cela, c'est difficile à concevoir dans la vie quotidienne, surtout lorsque cela vient buter directement contre des décennies d'habitudes et de discours dominants, tellement bien assimilés qu'on y prend plus garde...
Ben oui, la voiture, symbole de réussite... De liberté... Etc... Elle est là, la pensée unique.
Enfin, pour lever tout ambiguité, je dois en dire un peu plus sur moi. Non je ne suis pas bagnolophobe primaire.
Urbain pendant 31 ans (banlieusard, hein, pas richissime Parisien), dans une zone très bien couverte par les transports en communs, j'ai été cycliste durant toutes ces années, faisant par tous les temps mes 6 kilomètre de trajets quotidiens pour aller au travail.
J'habitais près de Versailles, et effectivement, comme dit dans un exemple pris dans le texte ci-dessus, j'ai été confronté à la fin du services des trains de banlieue, alors que j'avais partagé un repas avec des amis. J'ai du me manger 10km à pied en pleine nuit pour rentrer chez moi. Mais il ne m'est pas venu a l'esprit qu'il fallait donc avoir une auto pour éviter ce genre de désagrément, non ! C'est bien le manque de transports en communs nocturnes qui m'a fait défaut. Depuis d'ailleurs, des lignes de bus de nuit ont été mises en place qui m'auraient évité mon pénible périple pédestre. J'ai aussi trimballé dans les transport en commun (métro, bus, train de banlieue) des choses assez encombrantes, comme une gande tour d'ordinateur dans son carton ; c'est possible.
Quand les gens, ordinairement dépendants de leur automobiles me demandaient comment je faisais pour vivre et faire tout ce que eux faisaient en auto, je leur expliquaut que je faisais les choses differemment, en m'organisant autrement, entre bus et bicyclette, et que c'était donc parfaitement possible.
Ce n'est donc que lorsque je me suis établi à la campagne que j'ai dû, contraint et forcé, de passer mon permis de conduire a 31 ans, donc.
J'ai acheté une auto d'occasion, une R21 diesel, fiable, relativement sobre, avec laquelle je roule un peu à l'huile de friture usagée. :-)
Je fais du covoiturage autant que possible, et je délaisse même l'auto pour le vélo pour aller au travail, étant à seulement 8km de mon travail. J'ai même investi de l'argent pour cela.
Mais il y a mieux, tenez vous bien : j'ai même une Méhari et une Dyane6, ainsi qu'une vieille AZAM en attente de restauration, parce que le concept de ces autos est intéressant a bien des titres, il est en fait ce que l'auto aurait dû rester. De plus, ces voitures de collections sont les seules encore accessibles (enfin de moins en moins, je ne pourrais plus m'acheter au jour d'aujourd'hui une Méhari vu les prix qu'elles sont vendues désormais), qu'elles consomment relativement peu d'essence et l'entretien en est très facile et peu onéreux.
Mais je veux être bien clair : ce plaisir à conduire une auto ancienne, chargée d'Histoire est un *luxe*, et je ne le renvendiquerai jamais comme un *droit*, il faut rester lucide, et ne pas se faire emporter par la passion. La passion, ça aveugle et ça court-circuite le cerveau.
Ne pas oublier que sa liberté est bornée par celle des autres, et que la liberté individuelle est bornée par l'intérêt du plus grand nombre. Ne pas reconnaitre cela, c'est être asocial, et constituer un danger pour la planète. Se rouler par terre et pisser partout n'y changera rien. Il y a quelque chose d'incontrounable qui s'appelle le principe de réalité.
Ce qui pouvait être ignoré autrefois, ne peut plus l'être de nos jours. Nous ne sommes plus au début du vingtième siècle, nous n'avons plus doit à la candeur et à l'irresponsabilité.
L'auto-dépendance est un archaïsme dont il va falloir se défaire, entre autres tares infantiles de nos sociétés soi-disant civilisées.
L'automobile est un objet comme un autre, dont l'usage doit être pensé et apprécié dans tous ses aspects. Il peut être utile, voire indispensable, mais ce n'est pas souvent le cas. On peut s'y intéresser comme l'auteur de l'article origine, ou comme moi, sans pour autant abdiquer son intelligence.
A mon avis, ça, c'est politiquement incorrect...
Rédigé par : Loïc | 25 novembre 2006 à 00:12