Il y a quelques semaines, j'ai écrit un article sur l'autophobie, un sujet que j'ai souhaité aborder en raison de la récente montée en puissance de mouvements anti-voitures. Cet article n'a visiblement laissé personne indifférent puisque j'ai reçu plusieurs réactions, soit 100% d'accord avec ce que j'ai écrit, soit totalement opposées. C'est la règle d'un blog et je m'y soumets.
Je reviens ainsi une deuxième fois sur ce thème assez grave car certaines informations parues depuis semblent montrer que l'automobile commence à souffir de ces attaques à répétition. C'est un fait nouveau, mais il fallait s'y attendre. A force de lui taper dessus, de l'accuser de tous les maux, l'automobile a mis un genou à terre. En effet, la pression médiatique et politique a atteint ces derniers mois un nouveau pallier. Il ne se passe pas une semaine, un jour même sans tomber sur une attaque en règle contre les voitures.
L'autre jour, j'achète un quotidien national. En Une : "L'automobile en Ile-de-France : ça va devenir difficile". On y apprend que la Région Ile-de-France a décidé de remettre en cause les crédits destinés à l'amélioration des routes, et de favoriser les transports collectifs. Il faut bien évidemment investir massivement dans l'amélioration des transports en communs mais faut-il pour autant remettre en cause l'amélioration des infrastructures routières ?
La France a par le passé essayé de développer l'ensemble de sa filière transport, sans délaisser l'un ou l'autre des moyens de déplacement : routes, autoroutes, mais aussi voies ferrées, aéroports, etc... Grâce à cette politique, l'hexagone est réputée pour ses infrastructures modernes, ce qui lui a permis d' attirer de nombreux investissements étrangers et a facilité la création de richesse même là où l'accès pouvait constituer un handicap. La remise en cause de la filière route obéit à une logique qui m'échappe, celle d'un lobby anti-voitures bien ancré en particulier en Région Parisienne et qui a pour obsession de faire la guerre à tous les utilisateurs de voitures, quels qu'ils soient. Ceux qui remettent en cause aujourd'hui des investissement routiers pourtant indispensables ne réalisent sans doute pas que ces choix pèseront pendant des dizaines d'années, et auront des conséquences économiques importantes. Nous aurons beau avoir des aéroports modernes et des trains qui forcent l'admiration, si l'un des maillons constituant la chaîne des transports est défaillant, c'est l'ensemble qui en pâtit !
Je vais régulièrement surfer sur les sites internet des anti-voitures. C'est le meilleur moyen de comprendre leur logique, leurs motivations. On y découvre des théories bien ficelées et des constructions mentales tout à fait remarquables. Extraits: pour éviter de prendre la voiture, interdisons aux personnes de s'installer trop loin des villes, ou bien encore interdisons de construire loin des transports en commun. On y découvre des modèles de villes idéales, où tout est accessible en moins de 20 minutes, où le repli sur soi règne en maître, où l'automobile n'existe plus, puisqu'il n'y a (presque) plus besoin de se déplacer ! Une sorte d'autarcie dans un monde d'Utopie.
Et justement, le meilleur moyen de réduire l'utilisation des voitures est de réduire la place qui lui est réservée, afin de dégoûter ses utilisateurs : cette théorie est celle appliquée à la lettre par la Mairie de Paris, et on commence à en mesurer très sérieusement les conséquences désastreuses, tant en terme de pollution que d'activité économique. Un exemple : une de mes relations qui tient une boutique de livres dans le 10ème arrondissement m'a dit que dans sa rue quatorze commerces avaient fermé en deux ans : plus personne ne peut accéder au quartier car celui-ci est désormais envahi de sens uniques afin de décourager l'"invasion" de ceux qui viennent de l'extérieur, les méchants banlieusards avec leurs voitures qui polluent et encombrent l'espace urbain...il quittera donc Paris en avril, pour s'installer en province. Ce n'est qu'un cas parmi tant d'autres...
Si ces belles théories peuvent séduire par leur construction mentale, elles se révèlent en réalité bien loin du réel, et correspondent à une vision totalitaire, simpliste et réductrice de notre société.
Tout cela finit par peser sur le marché des voitures particulières qui connait une baisse non négligeable depuis le début de l'année. Et ce n'est qu'un début... Pour l'anecdote et le symbole, nous avons connu un mois de novembre particulièrement mauvais (-8 %) alors qu'en Allemagne, il a été exceptionnellement bon; conséquence : exactement deux fois plus de véhicules y ont été immatriculés...il faut dire que l'attitude vis-à-vis de l'automobile y est désormais bien différente de celle qui prévaut en France. Mes amis Allemands me font part de leur étonnement à ce sujet lors de chacune de mes visites outre-Rhin et se demandent ce qui pousse les Français à mépriser autant un objet qui, au delà des multiples services qu'il rend au quotidien, procure un emploi à nombre d'entre eux...
Conséquence indirecte de ce qui précède, le parc vieillit car on hésite de plus en plus à renouveller son véhicule. La voiture fait de moins en moins rêver : à force d'entendre ces attaques autophobes, on finit, consciemment ou non, par être influencé par ces discours. Il reste que tous ces apprentis sorciers n'ont certainement pas conscience des conséquences de ce qui se passe aujourd'hui : un français sur 12 travaille directement ou indirectement pour l'industrie automobile, et la crise du secteur pourrait affecter durablement la croissance française.
Heureusement qu'il existe encore de très nombreux pays pour qui l'automobile reste un symbole positif, qui participe au développement économique, mais aussi à l'émancipation, à la liberté individuelle...puisse cela suffire à sauver nos entreprises automobiles françaises qui devront compenser la faiblesse de leur marché intérieur par leur capacité à exporter ...
Bien vu. C'est incroyable, en France, on ne supporte pas de voir quelque chose qui tourne bien... Le secteur automobile était la dernière industrie qui fonctionnait à peu près correctement, elle est en voie de disparaitre dans la prochaine décénie... Le secteur du transport routier explose en Europe, mais les transporteurs français se cassent la gueule les uns après les autres, victimes d'une réglementation inique... Que font nos dirigeants ? Comment voient-ils l'avenir ?
Rédigé par : Thierry | 12 décembre 2006 à 21:53