Je me souviens de ce départ...comme chaque année, la nuit précédente fut agitée et le sommeil difficile à trouver ; trop d'excitation, trop d'impatience, trop de pensées qui fusent. N'avons nous rien oublié ? Quel temps fera-t-il ? Soleil, pluie ? La météo a son importance quand on prend la route des vacances et qu'il faudra rester assis en voiture pendant presque deux journée entières.
Dernières vérifications : la DS est bien chargée, mais elle a fière allure, toute noire comme celle du Général mais avec un toit turquoise. L'allumage est bien réglé, la vidange faite, sans oublier les niveaux d'huile, d'eau, de liquide hydraulique...sacré liquide hydraulique, justement. Il y a quelques jours à peine, un joint qui cède et me voilà en panne...j'aurais dû acheter une Peugeot, me disait mon père ! Pour la fiabilité, j'y aurais gagné, c'est sûr, mais pour le reste...quelle auto cette DS. Je l'ai achetée neuve en 58...c'est la 32.000 ème produite, autant dire que je fais partie des heureux élus, des pionniers même ! Déjà 7 ans que je la possède et elle n'a pas pris une ride...
Ca y est, c'est le départ, enfin. Un bol de café, un Nescao pour le fiston, on ferme les volets, la porte, on coupe le gaz. Je démarre, la DS se redresse lentement. Au revoir Paris...
Il fait assez beau, quelques nuages parsèment le ciel rose du matin, il fait frais...tant mieux pour la mécanique, je ne sais pas ce qu'elle va endurer aujourd'hui.
Direction Fontainebleau : à peine une heure pour gagner le carrefour de l'Obélisque, quelle veine, j'ai bien fait de partir tôt, les Parisiens doivent tout juste se réveiller à présent. J'ai le choix entre deux itinéraires : Nationale 6 ou 7 : allons y pour la N6, c'est celle que je préfère, plus roulante, plus belle aussi, car elle traverse cette Bourgogne profonde que j'aime tant...Joigny, Arnay-le-Duc, Saulieu, le Morvan sauvage, puis Tournus, autant d'étapes gastronomiques réputées...mais aujourd'hui, pas question de s'attarder : un arrêt à Bel- Air pour ravitailler et une pause casse-croute sur le bord de la route. Un vent frais se lève : j'avais oublié que le climat est rude à Bel-Air...l'hiver, l'endroit est vraiment hostile, l'été, il est tout juste supportable.
La route est longue, il est temps de repartir...
Nous voici déjà à Lyon et nous suivons à présent la Nationale 7. La traversée de la ville est toujours difficile, mais grâce à un orage bienvenu, la température reste fraiche et la mécanique ne chauffe pas...avec un peu de chance nous dormirons à Vienne ce soir. Vienne, c'est déjà presque le midi...
Nous nous arrêtons au Relais des 500 bornes. Je gare la DS devant notre chambre, comme dans les motels américains. Autour de nous, le parking est plein : Panhard, Tractions, Peugeot 203, 404, Ami 6 : Julien a vite remarqué la belle étrangère, garée un peu plus loin : une magnifique 190 SL avec un intérieur cuir vert, vraiment somptueux...certainement une célébrité qui descend à St Tropez...
Le lendemain, le ciel est bleu Azur. C'est justement à une station-service Azur que je m'arrête peu avant midi : un bruit de courroie qui m'a inquiété depuis quelques kilomètres. Le verdict du garagiste se veut rassurant : pompe haute pression déssérée, rien de grave. 15 minutes d'attente et nous repartons... La circulation se densifie, surtout lorsque nous traversons les villages...premiers vrais bouchons à Valence, puis ça se complique à Montélimar...une queue interminable. Derrière moi, un cabriolet anglais commençe à chauffer...c'est vrai que la température atteint déjà les 29°. J'achète un peu de nougat sans même descendre de voiture et nous continuons enfin notre chemin...après plus d'une heure de perdue !
La Nationale 7 commence à être vraiment très belle à cet endroit. Abrités par les grand platanes, le voyage est agréable. La DS glisse sur le bitume sans heurts, elle semble survoler la route. Ca y est : nous ne sommes pas encore arrivés mais les vacances ont déjà commençé.
Lapalud, Piolenc, Orgon, les villages se succèdent. Les cigales ne nous quittent pas depuis plusieurs dizaines de kilomètres, un peu comme si elles voyageaient avec nous.
La traversée de Lambesc, Pourcieux, et surtout Tourves me font pester : comment une nationale peut-elle passer dans ces villages aux rues étroites ? Les embouteillages sont interminables, la chaleur étouffante, sans parler des gaz d'échappement... on nous promet l'autoroute mais dans combien de temps ? Certaines voix s'élèvent parmi les hommes politique pour dénoncer un véritable scandale : nos voisins européens ont certes moins de routes que nous mais elles sont autrement plus modernes...
Le soleil décline déjà. Nous arrivons à Fréjus. J'espère gagner l'Esterel avant la nuit, tous ces virages avec mes phares 6 volts, c'est dangereux.
Justement, quand on parle de danger, peu avant Fréjus, à Puget, nous sommes ralentis par un accident sérieux : un camion de primeurs a coupé la route d'une 4 CV. Le secours routier est déjà là. Le conducteur est dans un sale état. C'est le premier accident que je croise pendant ce trajet. Les années précédentes, pas moyen de rouler 300 kilomètres sans rencontrer un carton plus ou moins grave : quelle fatalité, ces accidents de la route...
L'Esterel est avalé sans difficulté aucune. Quels paysages magnifiques, et pour la première fois on voit la Mer Méditérranée : toujours la même émotion. Je réveille les enfant qui dorment à l'arrière..."Regardez les enfants, la mer, on est bientôt arrivés"...
Ce soir, nous faisons étape à Grasse chez Thierry qui nous a invités à passer quelques jours au calme. Ensuite, nous irons au camping à Menton rejoindre une bande d'amis avec lesquels nous nous retrouvons aux mêmes emplacemens depuis déjà 5 ans : les Etrenne, les Tartevieille, les Couturiers...plein de franches rigolades en perspective ! Nous en profiterons aussi pour passer le poste frontière tout proche afin de nous rendre en Italie...l'aventure, en somme !
Ah les vacances 65 ! Quel souvenir incroyable, quel bonheur avons nous vécu. J'ai l'impression que c'était hier...ça me semble si proche mais c'est déjà si loin...
Bon, là, le voyage dépasse mes espérances ! Finalement, on est en quelle année, 2007 ou 1965 ? Parce que là, je ne m'y retrouve plus !...
Bonne Route !
Thierry
Rédigé par : Thierry Dubois | 21 juillet 2007 à 20:54
A peine nos vacances terminées, nous pensons déjà à nos prochaines escapades sur les belles nationales 5, 6 et 7 au pays du pastis ... En attendant, il n'y a qu'à cliquer sur ton super blog pour se refaire de beaux souvenirs et un extraordinaire voyage dans le temps .
A bientôt en ancienne !
Didier
Rédigé par : Didier Vertongen | 04 septembre 2007 à 23:01