Il représente 0.039% de notre atmosphère : 96,5 % est d'origine naturelle, et 3,5 % d'origine humaine. C'est un des gaz essentiels à l'effet de serre qui permet la vie sur terre mais dont le dérèglement probable perturbe le climat mondial Le CO2, autrefois considéré comme anodin pour l'homme est donc à présent devenu son ennemi public numéro 1. Tout être humain qui respire émet du CO2. Toute combustion, qu'elle soit naturelle ou issue des activités humaines en émet. Et pourtant...
Aujourd'hui, la médiatisation à outrance a engendré son corollaire de comportements excessifs et de contre-vérités assénées avec aplomb. Qui peut-être contre la préservation de l'environnement ? Personne. Dès lors, il suffit de prendre la parole pour que le message délivré devienne parole d'évangile, inattaquable, invérifiable. La tentation de manipulation, volontaire ou non de l'opinion publique, est pour certains irrésistible. Le CO2 est partout : comme il est tentant de l'utiliser pour tout critiquer, vouloir changer ce qui dérange, mettre le doute, rendre mal à l'aise chacun et chacune d'entre nous, dans chacun de ses actes, même les plus anodins. Aujourd'hui, dès qu'il fait trop chaud, c'est le réchauffement climatique. Dès qu'il fait trop froid, c'est aussi le réchauffement climatique ! Il suffit de regarder le journal télévisé, ou bien la météo pour s'en rendre compte : le CO2 est l'allié du catastrophisme journalistique, terriblement tendance en ce début de XXI ème siècle. Pas un jour sans un reportage sur une initiative bonne pour l'environnement, comme par exemple le moteur à eau, ou la fosse à purin géante pour produire son gaz soi même (deux exemples authentiques).
La réalité est beaucoup moins triviale. Le fait d'attaquer quelques bouc émissaires pour se donner bonne conscience à bon compte (grosses voitures, transport aérien, et autres symboles faciles) ne résoudra pas l'immense problème de la pollution d'origine humain ; La chasse au CO2, devenue presque obsessionnelle, occulte aujourd'hui une bonne partie des vrais enjeux environnementaux. Car le principal danger, ne l'oublions pas, est aujourd'hui à rechercher dans la pollution atmosphérique d'une part, et la pollution des sols et cours d'eau d'autre part. Le CO2 (qui n'est pas un polluant, contrairement à ce qu'on lit et entend à longueur de journée) n'y joue absolument aucun rôle. Pourtant, il suffit aujourd'hui de s'attaquer au CO2 (louable intention) pour se donner bonne conscience, et passer pour un ami de la planète. Et ce même si vous polluez abondamment et surtout en silence...
L'exemple français est particulièrement révélateur de ce système de pensée. Le système de bonus malus en est une bonne illustration. Mis en service en janvier, il ne s'attaque qu'aux émissions de CO2, en taxant les gros véhicules, et en accordant un bonus aux petits (pour faire simple). Et les polluants ? pas concernés. Le diesel est plus énergétique que l'essence, et émet donc moins de CO2. Tant mieux : il est très favorisé par le système de bonus/malus. Sur les trois premiers mois de l'année, plus de 75% des voitures vendues étaient des diesels ! Par contre, il pollue beaucoup plus que l'essence, avec en particulier des émissions d'oxydes d'azote (très irritant) et les particules (cancérigènes). Mais ça, c'est comme le nuage de Tchernobyl, c'est nocif partout sauf sur le territoire français. Effet pervers supplémentaire, les véhicules équipés de filtre à particule émettent quelques grammes de CO2 en plus, et sont souvent plus taxés que les véhicules équivalents qui en sont dépourvus. Les Allemands, eux, ont choisi de s'attaquer aux polluants en interdisant les centres-villes aux ...moteurs diesels les plus anciens : bizarre, non ?
Autre effet pervers, les français, très habiles pour profiter des incitations fiscales, ont détourné le système en prime à l'achat de petite voiture urbaine (et en plus diesel), dont les ventes ont explosé. Moi qui croyait que la grande tendance, c'était la ville sans voiture ! J'avoue ne plus bien comprendre la logique de tout cela.
La volonté d'utiliser au mieux l'énergie disponible, et avec l'empreinte la plus faible possible pour l'environnement est la vraie priorité de nos sociétés modernes. Cela passe par la chasse au CO2, bien évidemment, mais pas seulement.
L’industrie, qui doit relever le nouveau défi du développement durable, y trouve à la fois une vraie opportunité de nouveaux débouchés mais aussi une forte incitation à redoubler d'efforts de recherche et de développement. Les entreprises sont faces à une révolution énergétique et à une nouvelle révolution industrielle. Le rôle des institutions, européennes en particulier, sera déterminant pour faire en sorte que les nouvelles règles environnementales et d'émissions s'appliquent à tous, afin d'éviter des distorsions de concurrence insoutenables. C'est malheureusement plus facile à dire qu'à mettre en place. Il faut très rapidement que la lutte contre le changement climatique soit mondiale, et non réservée à quelques zones ou états vertueux, sinon, les efforts seront inutiles. L'Organisation Mondiale du Commerce a un rôle majeur à jouer pour cela.
Quant à l'automobile, que je connais disons un peu, c'est un exemple d'industrie responsable, n'en déplaise aux "anti-bagnoles" primaires.
Parlons des polluants, trop souvent oubliés. Depuis les années 70, les émissions d'hydrocarbures imbrûlés ont baissé de 96,3 %, celles de monoxyde d'azote de 97,6 %, celles d'oxydes d'azote de 97,8 %. La plupart des grands constructeurs investissent aujourd'hui massivement pour résoudre l'équation impossible de la voiture sûre, propre, et économique. Ce n'est pas en montrant du doigt l'outil que dont des millions de personnes ont besoin pour se déplacer tous les jours que nous ferons avancer le débat. Le maire de Londres, "Ken le Rouge", qui vient de perdre les élections municipales, vraissemblablement en partie à cause de ses positions extrêmes sur l'automobile, l'a appris à ses dépends. Faire un péage urbain pour protéger son territoire, et engendrer tout autour une augmentation de la pollution, est contre-productif. La pollution est un problème global qui nécessite un traitement global. Déplacer le problème à quelques kilomètres du centre-ville ou chez le voisin est un remède pire que le mal.
Comme par le passé, l'automobile est prête à faire d'immenses efforts pour réduire les émissions de CO2 et de gaz polluants. Des progrès importants seront réalisés à court terme, avec l'hybridation, l'amélioration des moteurs à combustion, la réduction du poids et de la consommation des équipements embarqués. A plus long terme, le tout électrique, l'hydrogène, sont des solutions envisageables, mais qui ne manqueront pas de soulever d'autres problèmes de stockage ou encore de recyclage. Peut-être verrons nous apparaître également de nouveaux carburants verts compétitifs (à base de bio-masse), et non issus de cultures destinées à l'alimentation, qui alimenteront notre immense parc de moteurs à explosion. Mais quelle que soit la (les) solution (s) d'avenir retenues, arrêtons de stigmatiser l'automobile, elle ne le mérite pas. Arrêtons également de nous acharner sur quelques symboles de ce rêve automobile, modèles sportifs et autres berlines de luxe... Leur contribution en terme d'émissions est totalement marginale, de l'ordre de quelques dixièmes de %. Arrêtons enfin de taxer de manière différente la tonne de CO2en fonction de son origine. En 2015, le projet de réglementation de la Commission européenne valorise la tonne de CO2 d'un véhicule dépassant le plafond d'émission sur un an ou 20.000 km à 475 euros pour le constructeur, somme à laquelle s'ajoutent les diverses taxes CO2 mises en place dans les différents pays, portant le total à parfois plus de 1.000 euros la tonne. A titre de comparaison, la tonne de CO2 est valorisée à 33 euros pour les industries chimiques, métallurgiques et les cimenteries. Quant à la tonne de CO2 issue du transport aérien, elle peut être compensée "volontairement" par les passagers de certaines compagnies au tarif imbattable de 6 euros la tonne (émissions par personne pour un Paris/New York A/R : 1,1 tonnes), à qui on promet de "voler neutre" en carbone. A ce prix là, aucune hésitation, je prends l'avion...
Bravo pour cet article, je suis absolument désolé de voir la manière dont la circulation parisienne est traitée par notre maire Bertrand "le rouge" (chuckles).
La rapport entre intérêt, bonne conscience, marketing ne semble pas vraiment solvable sur le territoire français.
J'utilise quotidiennement une bicyclette pour mes trajets parisiens et ce depuis l'âge de 12 ans, mais me fait régulièrement traiter de pollueur lorsque je sors épisodiquement mon automobile (ancienne) très entretenue...
Rédigé par : Erwan | 28 mai 2009 à 02:25